En France, l’introduction du pigeonnier est sûrement due aux légions romaines. Dans les provinces méridionales où l’influence du droit romain n’avait pas disparu, la possession d’un colombier subissait moins d’entraves. Dans le restant du pays, son usage va se répandre après l’abolition des privilèges seigneuriaux. Selon les coutumes féodales, il fallait
être seigneur d’un fief et exploitant d’un domaine pour avoir droit de colombier, le fermier devant, lui subir les dégâts occasionnés par les pigeons.
Objectif premier des pigeonniers
Autrefois l’élevage de pigeon était initialement alimentaire.
Les pigeonniers étaient bâtis pour abriter des pigeons dont on mangeait les petits et dont on récupérait la crotte pour faire de l’engrais (colombine)
Les châteaux dignes de ce nom se devaient d’avoir leur pigeonnier, signe de prestige permettant, lors de banquets, de marier vins et pigeons maison.
Le pigeonnier représentait le rang de son propriétaire ceci par la forme des girouettes couronnant le toit mais aussi par sa taille.
L’emplacement et fonctionnalité
Leur emplacement est choisi loin des grands arbres qui peuvent abriter des rapaces, à l’abri des vents dominants et leur construction obéit à quelques règles de sécurité : portes d’accès hermétiques et murs lisses munis d’un bandeau en saillie nommé larmier ou randière afin d’interdire la montée aux prédateurs (fouines, belette…). La façade était, si nécessaire, enduite uniformément ou seulement sur une bande horizontale, afin d’empêcher leur ascension.
Pour aider les jeunes pigeons à retrouver leur nid, le pigeonnier doit se trouver dans un endroit élevé et découvert, généralement un peu plus haut que les autres bâtiments.
L’exposition au levant est la meilleure, car les pigeons aiment profiter des premiers rayons de soleil.
Les plages d’envol des pigeons sont un élément particulièrement soigné des pigeonniers ayant un toit. L’ouverture est toujours située sur le côté opposé aux vents dominant.
L’eau étant un élément important pour l’élevage des pigeons, tant pour la boisson que pour leurs bains, un point d’eau doit se trouver à proximité du pigeonnier. Il peut être intégré directement à l’architecture, sous forme d’un canal et d’un réservoir.
Les différentes formes extérieures :
Les grands pigeonniers pouvaient avoir différentes formes extérieures :
La taille
La taille du pigeonnier était toujours en rapport avec celle du domaine. L’on compte en moyenne ½ hectare par nid
Le toit (les édifices dotés d’un toit remonte au XIV IEME siècle)
La partie supérieure du toit, quand elle existe, présente des formes différentes et souvent chargées de symbolisme. Un symbole phallique, souvent appelé « poupée » est très courant, probablement comme un appel à la fécondité de l’élevage. A cette catégorie peuvent être rattachés les pommes de pin, par le symbolisme dont est aussi chargé le fruit du pin parasol. Souvent c’est aussi un pigeon en faïence qui trône au faîte du toit.
Les matériaux
Quand il s’agit de grands pigeonniers dépendant d’un château ; ils furent toujours construits avec les mêmes matériaux. Ce qui prouve l’importance qu’ils revêtaient pour le statut du seigneur ; c’est aussi ce qui a fait leur longévité. Les matériaux utilisés pour la construction des pigeonniers sont aussi divers que les régions où ils furent édifiés :
L’intérieur
Le plan circulaire est le plus utilisé pour les structures intérieures du pigeonnier, même quand celui-ci est d’une forme différente à l’extérieur. Cette forme est aussi la plus rationnelle quant à l’exploitation qui demande une visite régulière des nids, soit pour leur nettoyage, soit pour prélever des pigeonneaux ou des œufs. L’échelle tournante, appelée aussi potence, avec un axe central au pigeonnier est le système le plus pratique dans ce genre de structure.
L’intérieur du colombier, espace imparti aux pigeons, est divisé en un certain nombre de boulins. Chaque boulin est le logement d’un couple de pigeons. Ces boulins peuvent être en pierre, brique ou torchis et installés lors de la construction du colombier ou être en poterie (pots couchés, tuile canal, diverses cases), en osier tressé en forme de panier ou de nid. C’est le nombre de boulins qui indique la capacité du pigeonnier.
Intérêt de l’élevage des pigeons
L’intérêt de l’élevage des pigeons, tient à leur forte et rapide capacité de reproduction ; toutes les cinq semaines de mars à septembre, un couple pond deux œufs, les couves, les engraisses et recommence. Ainsi un pigeonnier de cinq cents nids pouvait donner 160 pigeonneaux par semaine. C’est aussi une viande disponible toute l’année, les pigeons pouvant être facilement nourris avec du grain lorsque les conditions atmosphériques empêchent leur alimentation dans les champs. C’est une viande facilement conservable et transportable sous forme de pigeons vivants. Les pigeons sont vendus vivants sur le marché, tués et consommés au fur et à mesure des besoins.
Après la révolution
Quand le droit du colombier fut supprimé par la Révolution, le 4 août 1789, l’élevage des pigeons connut en France une très grande vogue. Ceci fut sans doute dû au profit que les particuliers pouvaient en tirer, mais aussi à la satisfaction de pouvoir jouir d’un nouveau droit jusqu’à lors réservé aux seigneurs.
Reuilly
Le pigeonnier de Reuilly est de forme octogonale de l’extérieur et de forme circulaire à l’intérieur. Son toit est trôné par un pigeon symbole de la fécondité. Il est constitué de pierre de taille compte tenu de la région. De plus il est constitué d’environ 2400 boulins en terre cuite ce qui représente une superficie d’environ 1 200 ha pour une reproduction de 760 pigeonneaux par semaine. Pour son bon fonctionnement le pigeonnier devait nécessiter 4 personnes à son service.